31 mai 2007
Dans un entretien publié le 25 mai 2007 dans Le Figaro « Mehdi Charef retourne à ses douleurs d’enfance » avec Brigitte Baudin, Mehdi Charef parle de la sortie de son film Cartouches gauloises qui traite « son arrachement à la terre de ses ancêtres » pour « restituer la vérité vraie ». Charef dit de son personnage principal, « Ali, c’est moi » et qu’il lui fallait 10 ans de pouvoir confronter son passé qui continue à lui faire mal. Effectivement, il a dû confronter certaines violences enfouies dans sa mémoire lors de la production du film. Charef est venu en France, toujours enfant, en 1963. Tandis qu’il parle de son passé dans les mêmes termes utilisés par les Pieds-Noirs, il ne se met pas de leur côté. Charef dit qu’en Algérie « Les colons vivaient en cercle fermé. Contrairement aux juifs qui parlaient arabe, connaissaient notre culture et avaient ouvert des magasins dans la médina. Et c'est là d'où vient tout le drame. Si les pieds-noirs avaient aimé les Arabes autant que leur terre, ils n'auraient probablement jamais quitté l'Algérie ».
In an interview published May 25, 2007 in the Figaro, “Mehdi Charef returns to the pain of his childhood” with Brigitte Baudin, Mehdi Charef speaks about the release of his film Cartouches gauloises which addresses being “torn out of the land of his ancestors” in an effort to “restore the true truth.” Charef says of his main character, “Ali is me” and that it took him ten years to be able to confront his past which still hurts him. Indeed, he had to confront certain traumas repressed in his memory during the production of the film. Charef was still a child when he came to France in 1963. Although he speaks about his past in the same terms used by the Pieds-Noirs, he doesn’t classify himself with them. He says that in Algeria, “The colons lived in a closed circle unlike the Jews who spoke Arabic, knew our culture, and had opened stores in the medina. And that’s where all the drama comes from. If the Pieds-Noirs had loved the Arabs as much as their land, they probably would have never left Algeria.”
Thursday, May 31, 2007
Pèlerinage de Santa Cruz
Nîmes, le 17 mai 2007
Pèlerinage de Notre Dame de Santa Cruz
Hier soir dans notre hôtel à Nîmes, j’ai eu la chance de rencontrer un groupe de Pieds-Noirs de Brest qui m’ont invitée à faire partie de leur pèlerinage à Mas de Mingue aujourd’hui où se trouve l’église de Notre Dame de Santa Cruz. À l’origine, j’avais prévu de prendre le bus et de m’y rendre toute seule. J’avais compris du site Internet de l’église http://sanctuairesantacruz-nimes.cef.fr/ qu’il y aurait des messes célébrées tout au long de la journée et que le pèlerinage aurait lieu vers 14h. Avec une invitation de partir à 8h avec des Pieds-Noirs, je ne pouvais pas refuser.
Nous sommes partis presque à l’heure et dans notre groupe il y avait Jean-Louis, le Président de l’Amicale des Oranais à Brest, Max, le Secrétaire le plus sociable au rassemblement, sa femme Andrée, Suzanne qui vient chaque année, Pierre, un Algérois italien, et deux amis du groupe, Marie-France et Michèle. Je ne me suis pas bien présentée… mais les présentations sont venues au fur et à mesure pendant la journée. Nous n’avons pas assisté aux messes, mais la première activité dès l’arrivée (et il y avait du monde qui venait de loin à pied déjà à 8h30) c’était d’acheter et allumer les bougies pour les disparus, les malades, et ceux qu’on voulait rappeler. Un groupe de scouts aidait à allumer et placer les bougies. Tout était bien planifié et organisé. La Croix-Rouge y était avec des tentes préparées, le parking était dirigé avec des passes vérifiées, la nourriture et les boissons étaient à vendre à l’église, les gendarmes étaient partout, et un marché arabo-pied-noir était installé près de la chapelle où l’on pouvait acheter toutes sortes de pains, pâtisseries, et viandes (et d’autres friandises), ainsi que des tee-shirts et des souvenirs du pays.
Je n’ai jamais été mieux accueillie. Bien sûr, la dernière fois que je suis venue à Nîmes, M. Christian Pastor m’a adoptée, m’a présentée au maire, et m’a conduit à Santa Cruz pour me montrer les lieux. Il a même demandé au prêtre de me faire un tour commenté et il m’a fourni avec des documents en me racontant l’histoire de l’église. Cette fois-ci Jean-Louis m’a expliqué encore plus ainsi que des choses que j’avais malheureusement oubliées. L’église a été construite très tôt, vers 1962 ou 63, et apparemment un groupe d’Oranais de Nîmes – ou de Nîmois d’Oran, est retourné clandestinement à Oran pour prendre la statue de la Vierge, Notre Dame de Santa Cruz. Depuis ce temps-là, le sanctuaire et une châsse ont été construits. Chaque année à l’Ascension, on fait le pèlerinage. J’ai entendu pendant toute la journée des plaintes qu’il n’y ait pas autant de monde cette année que pendant des pèlerinages précédents … qu’il y eût, autrefois, tant de monde qu’on ne pouvait pas bouger dans les rues. Max pensait que peut-être le culte a connu son apogée il y a 10 ans.
Après avoir allumé les bougies, Pierre et Jean-Louis m’ont fait visiter la châsse. Et après Marie-France m’a accompagnée au marché. Elle est de Bretagne et elle m’a expliqué qu’elle fait le pèlerinage pour remémorer ses enfants qu’elle a récemment perdu dans un accident traumatique. Sur le chemin il y avait des poteaux partout représentant les quartiers différents d’Oran. Les gens restent sous les pancartes pendant la journée et d’autres s’y arrêtent pour demander certaines personnes qu’ils ont connues ou pour voir si les autres peuvent leur donner des nouvelles des connaissances de là-bas. Ils espèrent même de rencontrer les anciens amis et camarades de classe. Sur notre chemin nous avons trouvé max qui parlait avec un ami avec qui il a été enfant de chœur. Max a pris le relais de Marie-France pour me montrer le marché. Quelques des marchands avaient des panneaux pour indiquer les noms (ou ceux de leurs ancêtres) qu’ils portaient en Algérie. Max m’a expliqué certains aliments comme la soubressade, le merguez, le boudin, la mouna http://fr.wikipedia.org/wiki/Mouna (recette), la paella avec de l’escargot. Nous sommes arrêtés pour écouter Raymond Chayat , http://www.bide-et-musique.com/song/2857.html (paroles) et http://www.radiorpni.com/Biographiederaymondchayat.htm (biographie), qui chantait de là-bas et de la chaleur qu’ils connaissaient en Algérie. Cette ambiance chaleureuse était vraiment présente aujourd’hui.
Nous sommes retournés au bus pour le déjeuner, mais pas avant que Max rencontre encore un ami, un ancien collègue avec qui il avait étudié. Il m’a dit quelque chose d’intéressant qui semblait être l’avis de tous : Il a dit qu’il y a des Pieds-Noirs qui disent qu’ils doivent s’intégrer et que c’est le temps d’oublier. Ces gens sont soit des menteurs, soit des faux Pieds-Noirs. Cela confirme l’argument que j’ai fait dans ma thèse que si le Pied-Noir arrête de retourner au passé, il ou elle ne sera plus Pied-Noir car le retour est implicite dans leur nom. J’ai aussi entendu plusieurs versions du mythe du mot « Pied-Noir » aujourd’hui. Pour la plupart toutes les histoires renvoient aux bottes noires que les soldats coloniaux portaient. Max a proposé que ce ne soit pas les indigènes qui ont appelé les soldats les « pieds noirs » mais que c’était les anti-colonialistes qui ont employé ce terme. Cela a plus de sens que les versions que j’ai lues. Mais on est toujours d’accord qu’ils n’étaient pas Pieds-Noirs avant d’arriver en France. Je crois que c’était Max qui a dit que la première fois qu’on l’a appelé Pied-Noir c’était quand il était militaire et que c’était les soldats Français (de France) qui ont utilisé ce mot. Il a dit qu’il ne l’a jamais pris comme une injure.
Le déjeuner a commencé avec de l’anisette suivie par des sandwichs de saucissons (longanisse, boudin, et boudin blanc http://www.cuisinedusud.com/soubressade-c-23_36.html) et un verre de rosé pour moi. Je dois dire qu’auparavant j’étais sceptique du boudin, mais j’ai tout mangé et tout était bon. La longanisse en particulier était délicieuse. Après le repas Jean-Louis m’a présenté à ce qu’il a appelé « Le Groupe de fantômes » -- un nom qui m’a plu parce que je travaille le concept du fantôme d’Algérie dans un article. Ce groupe qui se cachait derrière un bâtiment consistait d’une centaine de personnes, complet avec tables et chaises. Ils prenaient leur repas tranquillement et personne ne pouvait soupçonner qu’ils y étaient. J’ai rencontré quelques membres du groupe qui ont offert de m’envoyer des manuscrits (j’ai aussi rencontré un cousin d’un membre du group de Brest qui a aussi dit qu’il m’enverrait son manuscrit sur ses expériences pendant la guerre d’Algérie) et puis nous sommes partis pour préparer le pèlerinage de la Vierge.
Alors, le pèlerinage a commencé vers 14h quand tout le monde s’est mis en queue avec les bannières de chaque ville décorées avec les images de la Vierge, brodées ou peintes. L’évêque, l’archevêque, plusieurs prêtres, et un moine étaient présents pour guider la foule dans les « Je vous salue Marie », les « Notre Père », et les cantiques « Ave, Ave, Maria » qui se répétaient pendant toute la procession et aux arrêts prévus pour la prière. Nous avions » des barrières (balustrades) humains des deux côtés de la route pour empêcher les gens de venir toucher les mains et les pieds de la Vierge. Apparemment, dans les années précédentes, on offrait les fleurs à la base de la statue, mais les organisateurs ne trouvaient plus tenable cette possibilité. France 3 Sud était là pour filmer le rassemblement, mais je n’ai pas pu voir si ça a passé aux infos du soir. Une image qui m’a frappée c’était que dans le bâtiment d’en face de la chapelle où nous avons commencé la procession, plusieurs familles musulmanes, les femmes avec les foulards, regardaient par les fenêtres avec leurs enfants. Pendant toute la procession le ciel était couvert mais il semblait faire du soleil au dessus de nous venant de je ne sais où, et on a eu de forts coups de vent qui élevaient la bannière comme un cerf volant. Je n’ai vu qu’une femme aux genoux qui priait quand la Vierge l’approchait et quelques femmes dans la barrière humaine étaient pieds nus, mais peut-être cela était plutôt une question de confort. Une fois fini avec la procession, Jean-Louis nous a dit de ne pas rester pour la messe mais de revenir au bus. Nous avons bien obéi.
Une fois au bus, on m’a présenté à une des dirigeantes de l’Amicale de Marseille qui m’a donné des conseils pour les visites une fois sur place. J’ai aussi parlé en détail avec Pierre de ses expériences entre l’Italie et la France et de comment il est devenu français en faisant son service militaire pendant la guerre – et que c’était aussi comment il a appris à parler français. Il a grandi entre une ville près de Naples et Alger et il parlait napolitain -italien. Maintenant il a une maison en Italie où il passe trois mois de l’année. Je crois qu’il a dit qu’il a 71 ans et qu’il avait 19 pendant son service.
Le groupe avait tellement de bonnes choses à me dire et à me partager. Ils m’ont même remerciée de ma participation. Ils venaient auparavant à ce rassemblement en car, mais maintenant c’est difficile de trouver assez de monde pour remplir leur minibus. Et ils avaient toujours de la place pour moi et pour adopter une autre personne s’ils en avaient trouvé une. Chaleureux, généreux, les deux meilleurs mots pour décrire ce groupe de Pieds-Noirs. Nous avons quitté la cour de l’église vers 17h15 avec Max, le conducteur, qui klaxonnait pour signaler notre départ à ceux dans la rue. Nous avons fait nos signes d’adieu comme si dans un défilé sur la route du départ, suivant les cars dans une procession. Mais nous avions une bannière qui indiquait « Bretagne » sur le pare-brise. Ce groupe sera là l’année prochaine, et l’année après jusqu’à ce qu’il ne reste plus personne pour faire le voyage.
Pèlerinage de Notre Dame de Santa Cruz
Hier soir dans notre hôtel à Nîmes, j’ai eu la chance de rencontrer un groupe de Pieds-Noirs de Brest qui m’ont invitée à faire partie de leur pèlerinage à Mas de Mingue aujourd’hui où se trouve l’église de Notre Dame de Santa Cruz. À l’origine, j’avais prévu de prendre le bus et de m’y rendre toute seule. J’avais compris du site Internet de l’église http://sanctuairesantacruz-nimes.cef.fr/ qu’il y aurait des messes célébrées tout au long de la journée et que le pèlerinage aurait lieu vers 14h. Avec une invitation de partir à 8h avec des Pieds-Noirs, je ne pouvais pas refuser.
Nous sommes partis presque à l’heure et dans notre groupe il y avait Jean-Louis, le Président de l’Amicale des Oranais à Brest, Max, le Secrétaire le plus sociable au rassemblement, sa femme Andrée, Suzanne qui vient chaque année, Pierre, un Algérois italien, et deux amis du groupe, Marie-France et Michèle. Je ne me suis pas bien présentée… mais les présentations sont venues au fur et à mesure pendant la journée. Nous n’avons pas assisté aux messes, mais la première activité dès l’arrivée (et il y avait du monde qui venait de loin à pied déjà à 8h30) c’était d’acheter et allumer les bougies pour les disparus, les malades, et ceux qu’on voulait rappeler. Un groupe de scouts aidait à allumer et placer les bougies. Tout était bien planifié et organisé. La Croix-Rouge y était avec des tentes préparées, le parking était dirigé avec des passes vérifiées, la nourriture et les boissons étaient à vendre à l’église, les gendarmes étaient partout, et un marché arabo-pied-noir était installé près de la chapelle où l’on pouvait acheter toutes sortes de pains, pâtisseries, et viandes (et d’autres friandises), ainsi que des tee-shirts et des souvenirs du pays.
Je n’ai jamais été mieux accueillie. Bien sûr, la dernière fois que je suis venue à Nîmes, M. Christian Pastor m’a adoptée, m’a présentée au maire, et m’a conduit à Santa Cruz pour me montrer les lieux. Il a même demandé au prêtre de me faire un tour commenté et il m’a fourni avec des documents en me racontant l’histoire de l’église. Cette fois-ci Jean-Louis m’a expliqué encore plus ainsi que des choses que j’avais malheureusement oubliées. L’église a été construite très tôt, vers 1962 ou 63, et apparemment un groupe d’Oranais de Nîmes – ou de Nîmois d’Oran, est retourné clandestinement à Oran pour prendre la statue de la Vierge, Notre Dame de Santa Cruz. Depuis ce temps-là, le sanctuaire et une châsse ont été construits. Chaque année à l’Ascension, on fait le pèlerinage. J’ai entendu pendant toute la journée des plaintes qu’il n’y ait pas autant de monde cette année que pendant des pèlerinages précédents … qu’il y eût, autrefois, tant de monde qu’on ne pouvait pas bouger dans les rues. Max pensait que peut-être le culte a connu son apogée il y a 10 ans.
Après avoir allumé les bougies, Pierre et Jean-Louis m’ont fait visiter la châsse. Et après Marie-France m’a accompagnée au marché. Elle est de Bretagne et elle m’a expliqué qu’elle fait le pèlerinage pour remémorer ses enfants qu’elle a récemment perdu dans un accident traumatique. Sur le chemin il y avait des poteaux partout représentant les quartiers différents d’Oran. Les gens restent sous les pancartes pendant la journée et d’autres s’y arrêtent pour demander certaines personnes qu’ils ont connues ou pour voir si les autres peuvent leur donner des nouvelles des connaissances de là-bas. Ils espèrent même de rencontrer les anciens amis et camarades de classe. Sur notre chemin nous avons trouvé max qui parlait avec un ami avec qui il a été enfant de chœur. Max a pris le relais de Marie-France pour me montrer le marché. Quelques des marchands avaient des panneaux pour indiquer les noms (ou ceux de leurs ancêtres) qu’ils portaient en Algérie. Max m’a expliqué certains aliments comme la soubressade, le merguez, le boudin, la mouna http://fr.wikipedia.org/wiki/Mouna (recette), la paella avec de l’escargot. Nous sommes arrêtés pour écouter Raymond Chayat , http://www.bide-et-musique.com/song/2857.html (paroles) et http://www.radiorpni.com/Biographiederaymondchayat.htm (biographie), qui chantait de là-bas et de la chaleur qu’ils connaissaient en Algérie. Cette ambiance chaleureuse était vraiment présente aujourd’hui.
Nous sommes retournés au bus pour le déjeuner, mais pas avant que Max rencontre encore un ami, un ancien collègue avec qui il avait étudié. Il m’a dit quelque chose d’intéressant qui semblait être l’avis de tous : Il a dit qu’il y a des Pieds-Noirs qui disent qu’ils doivent s’intégrer et que c’est le temps d’oublier. Ces gens sont soit des menteurs, soit des faux Pieds-Noirs. Cela confirme l’argument que j’ai fait dans ma thèse que si le Pied-Noir arrête de retourner au passé, il ou elle ne sera plus Pied-Noir car le retour est implicite dans leur nom. J’ai aussi entendu plusieurs versions du mythe du mot « Pied-Noir » aujourd’hui. Pour la plupart toutes les histoires renvoient aux bottes noires que les soldats coloniaux portaient. Max a proposé que ce ne soit pas les indigènes qui ont appelé les soldats les « pieds noirs » mais que c’était les anti-colonialistes qui ont employé ce terme. Cela a plus de sens que les versions que j’ai lues. Mais on est toujours d’accord qu’ils n’étaient pas Pieds-Noirs avant d’arriver en France. Je crois que c’était Max qui a dit que la première fois qu’on l’a appelé Pied-Noir c’était quand il était militaire et que c’était les soldats Français (de France) qui ont utilisé ce mot. Il a dit qu’il ne l’a jamais pris comme une injure.
Le déjeuner a commencé avec de l’anisette suivie par des sandwichs de saucissons (longanisse, boudin, et boudin blanc http://www.cuisinedusud.com/soubressade-c-23_36.html) et un verre de rosé pour moi. Je dois dire qu’auparavant j’étais sceptique du boudin, mais j’ai tout mangé et tout était bon. La longanisse en particulier était délicieuse. Après le repas Jean-Louis m’a présenté à ce qu’il a appelé « Le Groupe de fantômes » -- un nom qui m’a plu parce que je travaille le concept du fantôme d’Algérie dans un article. Ce groupe qui se cachait derrière un bâtiment consistait d’une centaine de personnes, complet avec tables et chaises. Ils prenaient leur repas tranquillement et personne ne pouvait soupçonner qu’ils y étaient. J’ai rencontré quelques membres du groupe qui ont offert de m’envoyer des manuscrits (j’ai aussi rencontré un cousin d’un membre du group de Brest qui a aussi dit qu’il m’enverrait son manuscrit sur ses expériences pendant la guerre d’Algérie) et puis nous sommes partis pour préparer le pèlerinage de la Vierge.
Alors, le pèlerinage a commencé vers 14h quand tout le monde s’est mis en queue avec les bannières de chaque ville décorées avec les images de la Vierge, brodées ou peintes. L’évêque, l’archevêque, plusieurs prêtres, et un moine étaient présents pour guider la foule dans les « Je vous salue Marie », les « Notre Père », et les cantiques « Ave, Ave, Maria » qui se répétaient pendant toute la procession et aux arrêts prévus pour la prière. Nous avions » des barrières (balustrades) humains des deux côtés de la route pour empêcher les gens de venir toucher les mains et les pieds de la Vierge. Apparemment, dans les années précédentes, on offrait les fleurs à la base de la statue, mais les organisateurs ne trouvaient plus tenable cette possibilité. France 3 Sud était là pour filmer le rassemblement, mais je n’ai pas pu voir si ça a passé aux infos du soir. Une image qui m’a frappée c’était que dans le bâtiment d’en face de la chapelle où nous avons commencé la procession, plusieurs familles musulmanes, les femmes avec les foulards, regardaient par les fenêtres avec leurs enfants. Pendant toute la procession le ciel était couvert mais il semblait faire du soleil au dessus de nous venant de je ne sais où, et on a eu de forts coups de vent qui élevaient la bannière comme un cerf volant. Je n’ai vu qu’une femme aux genoux qui priait quand la Vierge l’approchait et quelques femmes dans la barrière humaine étaient pieds nus, mais peut-être cela était plutôt une question de confort. Une fois fini avec la procession, Jean-Louis nous a dit de ne pas rester pour la messe mais de revenir au bus. Nous avons bien obéi.
Une fois au bus, on m’a présenté à une des dirigeantes de l’Amicale de Marseille qui m’a donné des conseils pour les visites une fois sur place. J’ai aussi parlé en détail avec Pierre de ses expériences entre l’Italie et la France et de comment il est devenu français en faisant son service militaire pendant la guerre – et que c’était aussi comment il a appris à parler français. Il a grandi entre une ville près de Naples et Alger et il parlait napolitain -italien. Maintenant il a une maison en Italie où il passe trois mois de l’année. Je crois qu’il a dit qu’il a 71 ans et qu’il avait 19 pendant son service.
Le groupe avait tellement de bonnes choses à me dire et à me partager. Ils m’ont même remerciée de ma participation. Ils venaient auparavant à ce rassemblement en car, mais maintenant c’est difficile de trouver assez de monde pour remplir leur minibus. Et ils avaient toujours de la place pour moi et pour adopter une autre personne s’ils en avaient trouvé une. Chaleureux, généreux, les deux meilleurs mots pour décrire ce groupe de Pieds-Noirs. Nous avons quitté la cour de l’église vers 17h15 avec Max, le conducteur, qui klaxonnait pour signaler notre départ à ceux dans la rue. Nous avons fait nos signes d’adieu comme si dans un défilé sur la route du départ, suivant les cars dans une procession. Mais nous avions une bannière qui indiquait « Bretagne » sur le pare-brise. Ce groupe sera là l’année prochaine, et l’année après jusqu’à ce qu’il ne reste plus personne pour faire le voyage.
Saturday, May 19, 2007
Notre Dame de Santa Cruz
17 May 2007
Ascension, Nîmes, France
Pèlerinage de Notre Dame de Santa Cruz
Last night at our hotel in Nîmes I had the privilege of meeting a group of mostly Pieds-Noirs from Brest who invited me to join their group to Mas de Mingue today where the church of Notre Dame de Santa Cruz is located. I had originally planned to take the bus up and walk around on my own. I had understood from the church’s website http://sanctuairesantacruz-nimes.cef.fr/ that there would be masses celebrated all day and that the pilgrimage would take place at around 2:00 p.m. With an invitation to leave at 8:00 this morning with a group of Pieds-Noirs, I could not refuse.
We left almost promptly at 8:00 and in our group were Jean-Louis, the President of the Brest Association of Pieds-Noirs d’Oran (Oranie?), Max, the secretary and Mr. Popularity at the gathering, his wife Andrée, Suzanne who comes every year, Pierre, an Algerois Italian, and two friends of the group, Marie-France and Michèle. I wasn’t properly introduced and didn’t do a great job of introducing myself … but that came as the day progressed. We did not attend any of the masses, but the first activity once on site (and there were people walking from far away to get there already at 8:30 while we parked in the church parking lot) was to buy candles to light for those lost, ill, remembered. There was a group of scouts helping to light and place the candles. Everything was very well planned out and organized. The red cross was on site with tents set up, parking was all directed and passes were checked, food and drinks were for sale on the church grounds, the police were everywhere, and an Arabo-Pied-Noir market was set up near the chapel where there were breads, pastries and meats (and other friandises) as well as t-shirts and souvenirs du pays for sale.
I have never been better received by anyone. Of course, last time I came to Nîmes, M. Christian Pastor adopted me, introduced me to the mayor, and drove me up to Santa Cruz to show me around – making the priest give me a personal tour and giving me the history of the place. This time Jean-Louis explained even more to me, and many things I had unfortunately forgotten. The church was founded very early on – in 1962 or 63, and apparently a group of Oranais de Nîmes, or Nîmois d’Oran, clandestinely returned to Oran to steal the statue of the virgin, Notre Dame de Santa Cruz. Since then a sanctuary and shrine (reliquary or sacristy) has been built up, and every year on the Ascension, a pilgrimage is made. I kept hearing throughout the day that this year’s turn out wasn’t nearly as good as the past … that there used to be so many people that they could hardly move through the streets. Max thought that maybe the cult had reached its peak ten years ago.
After Jean-Louis and Pierre lit their candles and explained the shrine to me, Marie-France walked me down to the market. She is from Bretagne and explained that she makes the pilgrimage to remember her children who she recently lost in a traumatic accident. Along the way there were signs set up all over representing the different neighborhoods of Oran. People stand there during the day and others stop by and ask for certain people they knew or see if others can give them news of people past or hope to run into old friends and classmates. On our way through we ran into Max who was chatting with a friend with whom he had been an altar boy. Max took over the tour then and showed me the market. Some of the stalls had signs indicating their names (or their forefathers’ names) in Algeria. He explained several of the different foods to me (soubressade, merguez, boudin, mouna (recette) , paella with escargot, just to name a few), and we stopped to hear Raymond Chayat (paroles) (bio), singing about là-bas and the warm ambiance they used to know. That warm ambiance was certainly alive today.
We went back up to our station for lunch, but not before Max ran into another friend, a former colleague with whom he studied, who said something interesting to me – and this seemed to be the consensus. He said that there are those Pieds-Noirs who say that they should integrate and it’s time to forget. Those people are either lying, or not really Pieds-Noirs. This confirms the argument I made in my thesis that if the Pied-Noir were to move beyond returning to the past s/he would no longer be a Pied-Noir, because that return is implicit in their name. I also heard different versions of the myth of the Pied-Noir name today – mostly going back to the black boots that the colonial soldiers wore. Max said that it was not the indigenous people who called them Pieds-Noirs, but the anti-colonialists. This would make more sense than the versions I’ve read. Still, there is an agreement that they weren’t Pieds-Noirs until they arrived in France. I believe it was Max who said that the first time he was called a Pied-Noir was when he was in the military and the French soldiers called him that. He said he never took it as an insult.
Lunch ensued with anisette followed by sausage sandwiches (longanisse, boudin, et boudin blanc) and for me a glass of rosé. I have to say that I’ve always been skeptical of boudin, but I ate everything, everything was good, and the longanisse was particularly delicious. After lunch Jean-Louis showed me what he called “Le groupe de fantômes” – a name I really enjoyed because of the article I’m working on – who were hiding behind one of the buildings. There were at least 100 people set up with tables and chairs eating lunch, and no one could have known they were there. I met a few members of their group who offered to send me their manuscript (incidentally a cousin of one of our group members also said he’d send me his manuscript on his experience in the Algerian war) and then we were off to prepare for the procession of the virgin.
Alors … the procession itself began around 2 p.m. when everyone was lining up with their city banners with images of the virgin embroidered or painted on them. The bishop and archbishop and several priests and a monk were all there leading the Hail Mary’s and the Our Father’s and the songs (Ave Ave Maria) which were repeated throughout the procession and at various prayer stops. We had human guardrails on both sides of us to keep people from running up to the virgin and touching her hands and feet. Apparently they used to give out the flowers around her base after the procession, but the organizers found the situation no longer tenable. France 3 Sud was there taping the gathering, but I wasn’t able to see if it appeared on the news that evening. One thing I found interesting was that in the apartment building just across from the chapel where we began were several Muslim families, women with headscarves watching out the windows with their children. During the entire procession the sky was cloudy but there seemed to be sun on us coming from I don’t know where and the wind picked up quite forcefully several times, lifting our banner like a kite. I only saw one woman on her knees praying as the virgin approached and a few of the human guardrail women were barefooted, but perhaps that was only a question of uncomfortable shoes. Once we finished the procession, Jean-Louis grabbed me and Marie-France to say – hey, don’t attend the mass. Come back to the car when you’re done. So we obeyed.
Once at the bus, I was introduced to one of the leaders of the group from Marseille who gave me several ideas of what to visit once there. I also talked to Pierre at length about his experience between Italy and France and how he became French when he was doing his military service during the war – and this is also when he learned to speak French. He had grown up between a town near Naples and Alger speaking Napolitano-Italian. Now he has a house in Italy where he spends 3 months of the year. I believe he said he’s 71: he was 19 when he did his military service.
The group had so many nice things to say to me – even thanking me for my participation. They used to come to this gathering in a charter bus but now they had to struggle to find enough to fill their mini-bus. And even then they had room for me and one more if they wanted. Chaleureux, généreux … Warm and generous. Those are the best words to describe this group of Pieds-Noirs. We left the churchyard around 5:15 with Max honking to the people on the streets, we were waving good-bye to everyone on the road, like a parade on the departure route, following the charter buses in the procession, though we were marked with a sign that read “Bretagne” on the windshield. This group will be back next year and the next until there is no one left who is able to make the journey.
Friday, May 4, 2007
Pied-Noir Commemorative Gatherings
Below are just a couple of the many upcoming Pied-Noir gatherings commemorating the 45 years of their exile from Algeria. Doug and I will be in both Nîmes and Toulouse for some of the events. For a more exhaustive list of events, go to: http://www.radiorpni.com/ComManifConf.htm
Thurs. May 17 Rassemblement des Pieds-Noirs
Pélérinage de la Vierge Santa-Cruz d'Oran - Nîmes-Coubressac
Le plus grand pélérinage de France depuis 1963 avec plus de 50.000 participants venus de toutes les régions de France - Rassemblement des habitants des villes et villages de tous les départements de l'Algérie française - Contact : Association Nationale des Amis de Notre-Dame de Santa Cruz - Mas de Mingue - 30000 Nîmes - Contact : - Tél : 04 66 09 99 - Vice-Président : R. Giraud
Rendez-vous à l'oeuvre d' ARGAUD
5, rue Général LECLERC, NIMES
Pour les anciens de l'oeuvre Saint-Louis de Gonzague d'Oran Saint-Eugène
Messe à 10 Heures et repas tiré du sac.
Renseignement : Jean TRIPIANA
Téléphone : 03 85 96 18 13
Fri. May 18 and Sat. May 19
45 eme ANNIVERSAIRE DE L'EXODE DES RAPATRIES ET HARKIS D'ALGERIE
NIMES - STADE DES COSTIERES
La Municipalité de NIMES et le Collectif local des Associations de Rapatriés Organisent le vendredi 18 et le Samedi 19
Salle d'Exposition du stade des Costières à NIMES.
Grande Manifestation Nationale du Souvenir consacrée à L' ALGERIE FRANCAISE ET A SON ARMEE !
Au Programme. (Entrée libre )
Exposition d'Uniformes de l'Armée d'Afrique, De peinture, De cartes postales, Conférences, Projections de films.
Les 18 et 19 au soir, sont prévus des moments de convivialités
vous seront consacrés.
Les Auteurs d'Ouvrages sùr l'Algérie Française ainsi que les Associations et personnes qui souhaitent exposer pour ses deux jours.
Sat. May 26:
Toulouse, Diagora Espace de Congrès et d'Exposition : Rue Pierre Gilles de Gennes - BP 71907 - 31319 Labège Cedex Tél. : 05 61 39 93 39 - Fax : 05 61 39 79 80 - nanin.s@diagora-congres.com
• 15 h 00 : Accueil au Centre de Congrès Diagora dans le Hall et remise des badges et des tickets-repas. Le Bar payant de Diagora sera ouvert tout l'après-midi pour faciliter les retrouvailles.
• 17 h 00 : Assemblée Générale de l'Amicale des Saïdéens dans la salle B (1er étage) de Diagora. Tous les Membres de l'Amicale à jour de leurs cotisations 2007 sont invités à participer à cette Assemblée.
• 20 h 00 : Dîner amical servi à table dans la Salle des "Colonnes" pour ceux qui le désirent et qui se seront impérativement inscrits avant le 7 mai 2007.
Sun. May 27 :
• 9 h 30 : Accueil des nouveaux arrivants au Centre de Congrès Diagora et remise des badges et tickets-repas.
• 10 h 30 : Office inter-religieux dans l'Amphithéâtre de Diagora. Suivi de la Messe.
• 12 h 00 : Apéritif offert par l'Amicale dans le Salon d'accueil de Diagora.
• 13 h 00 : Déjeuner servi à table dans l'espace restaurant de Diagora pour ceux qui se seront impérativement inscrits avant le 7 mai 2007
• 16 h 30 : Présentation du Film réalisé par Bernard et Amicie Allène : "Saïda... On revient !... Sur les traces de notre enfance". Dans le très confortable amphithéâtre de Diagora, vous pourrez retrouver vos souvenirs en découvrant le film que les participants au voyage de septembre 2006 nous ont permis de réaliser pour vous.
• 20 h 00 : Dîner musical servi à table dans l'espace restaurant de Diagora pour ceux qui se seront impérativement inscrits avant le 7 mai 2007
Thurs. May 17 Rassemblement des Pieds-Noirs
Pélérinage de la Vierge Santa-Cruz d'Oran - Nîmes-Coubressac
Le plus grand pélérinage de France depuis 1963 avec plus de 50.000 participants venus de toutes les régions de France - Rassemblement des habitants des villes et villages de tous les départements de l'Algérie française - Contact : Association Nationale des Amis de Notre-Dame de Santa Cruz - Mas de Mingue - 30000 Nîmes - Contact : - Tél : 04 66 09 99 - Vice-Président : R. Giraud
Rendez-vous à l'oeuvre d' ARGAUD
5, rue Général LECLERC, NIMES
Pour les anciens de l'oeuvre Saint-Louis de Gonzague d'Oran Saint-Eugène
Messe à 10 Heures et repas tiré du sac.
Renseignement : Jean TRIPIANA
Téléphone : 03 85 96 18 13
Fri. May 18 and Sat. May 19
45 eme ANNIVERSAIRE DE L'EXODE DES RAPATRIES ET HARKIS D'ALGERIE
NIMES - STADE DES COSTIERES
La Municipalité de NIMES et le Collectif local des Associations de Rapatriés Organisent le vendredi 18 et le Samedi 19
Salle d'Exposition du stade des Costières à NIMES.
Grande Manifestation Nationale du Souvenir consacrée à L' ALGERIE FRANCAISE ET A SON ARMEE !
Au Programme. (Entrée libre )
Exposition d'Uniformes de l'Armée d'Afrique, De peinture, De cartes postales, Conférences, Projections de films.
Les 18 et 19 au soir, sont prévus des moments de convivialités
vous seront consacrés.
Les Auteurs d'Ouvrages sùr l'Algérie Française ainsi que les Associations et personnes qui souhaitent exposer pour ses deux jours.
Sat. May 26:
Toulouse, Diagora Espace de Congrès et d'Exposition : Rue Pierre Gilles de Gennes - BP 71907 - 31319 Labège Cedex Tél. : 05 61 39 93 39 - Fax : 05 61 39 79 80 - nanin.s@diagora-congres.com
• 15 h 00 : Accueil au Centre de Congrès Diagora dans le Hall et remise des badges et des tickets-repas. Le Bar payant de Diagora sera ouvert tout l'après-midi pour faciliter les retrouvailles.
• 17 h 00 : Assemblée Générale de l'Amicale des Saïdéens dans la salle B (1er étage) de Diagora. Tous les Membres de l'Amicale à jour de leurs cotisations 2007 sont invités à participer à cette Assemblée.
• 20 h 00 : Dîner amical servi à table dans la Salle des "Colonnes" pour ceux qui le désirent et qui se seront impérativement inscrits avant le 7 mai 2007.
Sun. May 27 :
• 9 h 30 : Accueil des nouveaux arrivants au Centre de Congrès Diagora et remise des badges et tickets-repas.
• 10 h 30 : Office inter-religieux dans l'Amphithéâtre de Diagora. Suivi de la Messe.
• 12 h 00 : Apéritif offert par l'Amicale dans le Salon d'accueil de Diagora.
• 13 h 00 : Déjeuner servi à table dans l'espace restaurant de Diagora pour ceux qui se seront impérativement inscrits avant le 7 mai 2007
• 16 h 30 : Présentation du Film réalisé par Bernard et Amicie Allène : "Saïda... On revient !... Sur les traces de notre enfance". Dans le très confortable amphithéâtre de Diagora, vous pourrez retrouver vos souvenirs en découvrant le film que les participants au voyage de septembre 2006 nous ont permis de réaliser pour vous.
• 20 h 00 : Dîner musical servi à table dans l'espace restaurant de Diagora pour ceux qui se seront impérativement inscrits avant le 7 mai 2007
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